Egli-Vincent spécial Gégé

EGLI-VINCENT
Le bijou et l'écrin

La sculpturale Egli-Vincent réalisée par Patrick Godet est-elle un monstre réservé aux seuls initiés ? Cet "essai au féminin" répond à cette question.

Viens essayer une de mes restaurations d'Egli-Vincent, tu seras surprise» m'avait dit un jour Patrick Godet (voir encadré). Le genre de pro-positions qui n'arrive pas tous les jours et qui ne se refuse pas ! Le rendez-vous est pris et nous voilà à son atelier, près de Rouen. La moto est là, confiée par son propriétaire. Elle est tellement splendide qu'on ne se lasse pas de la regarder : toute noire et chrome.

De nombreux détails mefont flasher : béquille assortie aux tubes du cadre, grilles de ventilation dorées pour le freinavant : vous allez dire que c'est bien d'une fille ce genre de remarques... Moi je vois une moto unique faite par un passionné, qui à trouvé des solutions pour chaque pièce avec le plus grand soin. Nul doute, il s'agit d'un perfectionniste.

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Tellement belle

Patrick Godet me met à l'aise et répond à mes questions : «C'est quoi c'est deux manettes ?», «Les commandes sont à l'anglaise : sélecteur à droite et première en haut ?»
Puis vient le moment de prendre place. Je n'ose : elle est tellement belle que j'ai peur de rayer le beau réservoir avec mon blouson. Patrick insiste et je me décide. Tiens, finale-ment les guidons-bracelets ne sont pas si éloignés que ça pour mes petits bras. Et puis surtout elle est basse, mes deux pieds sont bien à plat sur le sol : étonnant ! Elle me semble tout d'un coup moins imposante. Enfin, elle a l'air vraiment légère.
Sur ce, Serge "Raspoutine" le propriétaire arrive. «Bon, ben on va pouvoir y aller» pense-je tout en me râclant la gorge. C'est vrai, j'ai un coup d'angoisse : et si je la mets par terre ?

Démarreur électrique

Les deux carburateurs ont chacun leur robinet d'essence, la manette du starter est enclenchée, un bouton de contact bien caché — je ne vous dirai pas où — permet de se passer de clef. Puis un petit coup de démarreur électrique suffit pour que le bicylindre en V démarre. Oui, oui vous avez bien lu "démarreur électrique". Parce que ça c'est l'une des touches de Patrick qui a pensé à nos pauvres mollets ! Pour moi c'est le bonheur dès qu'il n'est plus question de kick !
Le bruit qui s'échappe du pot d'échappement est agréable et sonne bien. Que dis-je ! Il est même plutôt superbe. Pendant le court instant de chauffe, l'Egli-Vincent est tellement contente qu'elle vibre en reculant, tout en étant sur sa béquille. Quant à moi, je me concentre. Le moment est intense.

Un monstre sacré certes, mais facile à apprivoiser et tenant extrément bien la route. Bon ce n'est tou tde même une moto presse-bouton !

Première vitesse

J'enclenche la première. Mince, manqué ! «Il faut y aller franchement» me préconisent mes deux "anges gardiens". En fait, depuis le début, j'admire tellement cette moto que je n'ose faire quoi que ce soit, et mes gestes s'en trouvent conte-nus. Pourtant elle ne va pas se casser, c'est une moto, pas du cristal. Cette fois-ci, j'applique les conseils lancés et ça marche. Tout de, la légèreté que j'avais pressentie se confirme une fois en marche : je n'ai vraiment pas l'impression d'être sur une 1000. Dès les premiers kilomètres, je m^'aperçois qu'elle est non seulement facile mais agréable à manier. Les commandes sont souples, la tenue de route sans reproche. Les freins à tambours sont ma foi très efficaces et progressifs, ne réservant pas de mauvaises surprises. Je suis enchantée, je souris et vais garder ce sourire jusqu'au bout.

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Souci du détail, les carbus Amal avec juste une petute grille pour filtre à air. Au centre des commandes reculées de belle facture. A droite le gros compteur Vincent se double d'un compte-tours.

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Position café-racer

Evidemment, la position est celle d'un café-racer avec la panoplie qui va avec : guidons-bracelets, commandes reculées, long réservoir, selle-dosseret, pas de rétroviseurs. Les poignets sont quelque peu sollicités, le buste couché derrière la bulle, le nez dans le compteur kilométrique. Mais on y prend goût, surtout dans les virages. Je dirais même qu'elle est particulièrement amusante dans les virages, car elle est légère et a du couple. En quatrième, pas besoin de rétrograder, telle-ment elle reprend bien, même à bas régime. Par contre, avec ses "vrais^" guidons-bracelets, le rayon de braquage est plutôt limité, et parfois il faut s'y prendre à deux fois pour manoeuvrer. Et là, si une vitesse est enclenchée, il est impossible de reculer, même en débrayant, petit défaut inhérent au démarreur électrique. Le point mort est un passage obligatoire : un coup à prendre.
Evidemment, j'ai rencontré quelques problèmes à trouver le point mort, ou plutôt à le sentir. Raspoutine m'a soutenu qu'on apprend très vite, et je n'en doute absolument pas. En attendant, j'ai trouvé la manette de passage des rapports à la main sur le carter de boîte très pratique...

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Moto "plaisir"
Pour moi, une Egli-Vincent, c'est vraiment une moto "plaisir^" pour sa gueule, son bruit, bref le charme d'une anglaise. Le genre de moto "que l'on met dans son salon et qu'on astique lorsqu'on est pendu au téléphone" : ce sont les propres mots de Raspoutine.
Mais j'ajouterai que c'est en plus une moto sur laquelle une fille de petit gabarit peut rouler sans problèmes. D'au-tant plus, qu'il n'y a plus le souci du coup de kick. Une fois de retour à l'atelier, je l'ai admirée encore une dernière fois, en la trouvant encore plus belle qu'avant.
Un véritable bijou !

Finalement, la Vincent a toujours été cataloguée comme moto de luxe. Après tout, pourquoi pas ? On adhère ou pas. Pour ma part, j'ai trouvé l'Egli-Vincent impressionnante par sa beauté — et son prix — mais étonnamment facile à utiliser. Pourtant, un seul regret subsiste : ne pas l'avoir essayé sur quelques jours afin de réellement me rendre compte de ses performances, à peine effleurées. Je suis sûre qu'elle est encore plus étonnante.

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t'es gentil de penser à moi tonton, mais j'adore la 1000 Vincent dans son jus, pas un erzatz de chez Egli qui lui a enlevé tout ce qui en faisait une machine extrordinaire ! avec ses bons et ses mauvais côtés (fourche qui vrille, freinage absolument pas au niveau des perfs de la bécane, d'ailleurs elle était surnommée la veuve noire, et ce n'était vraiment pas pour rien, 2 potos à moi sont morts la dessus et moi j'ai revendu la mienne à la dixième chaleur environ !)
Mais aussi de bons souvenirs, avec l'avantage de griller tout ce qui roulait sur deux roues à cette époque !

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