Les instincts sexuels et le comportement général
La fonction sexuelle peut déterminer chez l'animal certains comportements qui n'ont pas de rapport direct avec l'acte de la reproduction; elle peut aussi modifier profondément les instincts normaux, influant ainsi sur le comportement général. Quelques-uns des comportements qui prennent naissance dans la fonction sexuelle se rattachent indirectement à la reproduction chez la femelle, l'instinct sexuel et l'instinct maternel sont souvent étroitement liés. Chez le mâle lui-même, l'instinct sexuel peut se lier à l'instinct familial. D'autres comportements ont un rapport beaucoup plus lointain avec la reproduction.
Par exemple, les modifications de la sensibilité de l'animal vis-à-vis de certains agents extérieurs au moment de l'activité sexuelle, modifications qui déterminent des tropismes entraînant l'animal à des déplacements souvent considérables. Les Crapauds, qui ont une vie normalement terrestre, se rendent dans les mares et les étangs au moment de la reproduction. Les Saumons, quand se déclenche l'activité sexuelle, remontent le cours des rivières, à la recherche d'une eau toujours plus pure, plus riche en oxygène.
Vie sexuelle et vie sociale
Certains auteurs placent l'instinct sexuel, pris dans le sens d'attraction sexuelle, à la base de la vie sociale. Espinas, en particulier, considère l'union sexuelle, même très fugace, comme un rudiment de vie sociale. C'est là un abus du mot société. L'instinct sexuel et l'instinct social tendent l'un et l'autre au rapprochement des individus d'une même espèce, mais ces tendances sont de natures essentiellement différentes et leur déterminisme n'est pas le même. Il n'est pour s en convaincre que d'examiner les relations entre les individus, soit de sexe opposé, soit de même sexe, chez les animaux non sociaux et chez les animaux sociaux.
Chez les animaux non sociaux
Chez les animaux dépourvus d'instinct social, les relations entre individus de sexe opposé - en fait, la durée de l'union - sont très variables, alors que les relations entre individus de même sexe sont ou l'indifférence ou l'animosité.
Durée de l'union
L'union est généralement temporaire. Elle se limite à l'accomplissement de l'acte sexuel. L'attraction sexuelle ne se manifeste que pendant un temps très court en dehors duquel les partenaires sont indifférents l'un à l'autre. Si l'activité sexuelle continue après un premier acte sexuel, celui-ci peut se répéter avec des femelles différentes. Il y a alors polygamie, forme la plus fréquente de relation sexuelle chez les animaux. L'activité sexuelle peut disparaître après un seul acte sexuel; il y a alors monogamie physiologique. C'est le cas des Grenouilles et des Crapauds chez qui, après un accouplement fort long, la femelle se vide complètement de ses œufs et le mâle de son sperme.
L'attraction sexuelle entre deux individus donnés peut persister après l'acte de la reproduction, au moins pendant un certain temps. Si ce temps égale ou dépasse celui de l'activité sexuelle, les animaux sont monogames, à l'intérieur d'une seule période de reproduction, car à la période suivante les couples peuvent se reconstituer différemment. Le déterminisme de cette monogamie est mal connu et probablement fort complexe : il ne peut plus être rapporté à des causes aussi simples que l'émission de certaines odeurs par exemple. La persistance du lien sexuel est liée bien souvent à l'instinct familial, le mâle et la femelle restant unis pour l'édification de la provision destinée à leur progéniture (chez certains Insectes Géotrupes), ou tant que les jeunes ont besoin d'être nourris ou protégés (chez de nombreux Oiseaux et chez certains Mammifères). Le couple se disjoint presque toujours lorsque les jeunes sont en âge de se suffire à eux-mêmes.
Il est rare qu'un même couple contracte des liens qui persistent d'une période de reproduction à l'autre. Le cas existe pourtant chez beaucoup de nos Oiseaux sédentaires (Pics-verts, Sitelles), où le même couple resté uni tout l'hiver revient à chaque retour du beau temps explorer le même coin de bois.
Relations entre individus de même sexe
Ce sont généralement des relations d'indifférence; mais parfois une animosité engendre des combats, des luttes plus ou moins violentes. Cette sorte de phobie unisexuelle est fréquente surtout dans le sexe mâle. Les combats de mâles sont bien connus, puisqu'ils font l'objet de spectacles dans certains pays : combats de Coqs, de Poissons combattants. Chez ces Poissons la lutte est acharnée; ils se saisissent par les mâchoires, se débattent en tous sens et cherchent à se fatiguer mutuellement jusqu'au moment où la résistance du plus faible commence à céder. Le plus fort accentue alors son étreinte qu'il ne relâche qu'après la mort du vaincu. Le vainqueur lui-même succombe souvent à ses blessures. De tels combats sont fréquents, surtout chez les Mammifères et les Oiseaux, mais il est rare qu'ils finissent ainsi : la lutte est généralement moins vive et se termine par la simple défaite de l'un des deux combattants qui s'enfuit devant l'autre.
Signification des luttes
On donne souvent, à la suite de Darwin, comme cause à ces luttes le désir de possession des mâles les femelles en seraient l'enjeu. Cette interprétation peut être exacte dans certains cas où les mâles se disputent les femelles par la force, comme ils se disputent la nourriture, mais le déterminisme général de cet instinct est autre. La plupart du temps, les mâles se combattent en dehors de la présence de toute femelle et il suffit que deux d'entre eux soient en présence pour qu'ils se précipitent l'un sur l'autre.
Dans beaucoup d'espèces, les combats ont lieu en tout temps, même en dehors de toute activité sexuelle. Chez les Mammifères, la répulsion pour les autres mâles est souvent portée au maximum au moment où l'instinct sexuel est assoupi et elle s'évanouit à l'époque où elle devrait atteindre son paroxysme, à la période de la parade. Par exemple, les Chiens, qui se livrent généralement entre eux de terribles combats, suivent une femelle en rut sans s'attaquer mutuellement. Quand l'accouplement survient, les mâles frustrés se dispersent sans esquisser le moindre geste contre le favorisé.
Souvent aussi les luttes prennent plutôt le caractère de jeu. Ainsi deux mâles de Huppes ne cherchent pendant des heures qu'à se dominer l'un l'autre dans le vol; deux coqs de Perdrix, alternativement poursuivants et fuyants, laissent toujours entre eux la distance qui évite le corps à corps. Il semble que le rôle principal dans ces luttes soit joué par certains caractères des mâles en présence (crête du coq par exemple) qui agissent comme excitants sur chacun des deux adversaires; ceux-ci parfois cherchent à s'en déposséder mutuellement. Les luttes entre femelles sont extrêmement rares.
Chez les animaux sociaux
Chez les animaux vivant en société, l'instinct sexuel et l'instinct social interfèrent entre eux de manières très variées et pouvant parfois s'opposer l'un â l'autre.
Ainsi la plupart des bandes d'Oiseaux (Outardes, Pinsons, Moineaux, Mésanges) se dissipent en couples isolés à l'époque de la reproduction. Il en est de même chez les Rennes, qui vivent normalement par troupeaux de plusieurs centaines de têtes. L'interférence de l'instinct sexuel et de l'instinct social permet de comprendre la structure de nombreuses sociétés. Beaucoup d'entre elles sont formées par un seul mâle adulte et plusieurs femelles auxquels s'adjoignent souvent des jeunes. Ainsi les Tarpans, Chevaux d'Asie redevenus sauvages, se réunissent en troupeaux de plusieurs centaines qui se subdivisent en petites familles à la tête de chacune desquelles est un étalon.
Les jeunes mâles sont chassés par chacun des chefs de familles; ils se rassemblent entre eux et suivent la bande à distance respectueuse. Dans la formation de ce type de société interviennent d'une part l'instinct sexuel et d'autre part l'instinct social des femelles qui restent groupées entre elles, et l'instinct anti-social des mâles qui se combattent entre eux et sont ainsi exclus de la société à l'exception d'un seul.
Lorsque les mâles n'ont pas d'instinct combatif, il se forme des sociétés qui renferment des mâles et des femelles (les Eléphants et la plupart des Singes). Le groupement est alors conduit généralement par l'un des mâles. Chez les Sangliers, les vieux mâles n'ont plus d'instinct social et vivent solitaires, les troupeaux ne comprennent que des femelles et des jeunes; mais à l'approche de la saison des amours l'instinct sexuel pousse les vieux mâles à se joindre au troupeau en chassant les mâles plus faibles.
Dans les sociétés d'Insectes (Termites, Abeilles, Fourmis), la vie sexuelle est l'apanage d'un petit nombre d'individus, qui forment la caste des sexués, tous les autres membres de la société étant des neutres. Chez les Abeilles, deux individus seulement prennent part à la vie sexuelle : la reine et le mâle unique qui s'accouple avec elle lors du vol nuptial. C'est chez les Abeilles que s'observe l'un des rares cas d'animosité entre femelles les reines ne peuvent se tolérer entre elles. Lorsque, dans la ruche, éclosent de jeunes reines, l'ancienne les tue à coups d'aiguillon, à moins que les ouvrières n'interviennent.
Sujet: Semaine à theme 
Lun 26 Juin - 1:50
mais ki :shock:
